Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/77

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on aperçoit le mieux la suite durant le iie siècle[1] ; Irénée sortait de l’école de Jean, et, entre lui et l’apôtre, il n’y avait que Polycarpe. Or, Irénée n’a pas un doute sur l’authenticité du quatrième Évangile. Ajoutons que la première épître attribuée à saint Jean est, selon toutes les apparences, du même auteur que le quatrième Évangile[2] ; or, l’épître semble avoir été connue de Polycarpe[3] ; elle était, dit-on, citée par Papias[4] ; Irénée la reconnaît comme de Jean[5].

Que si maintenant nous demandons des lumières à la lecture de l’ouvrage lui-même, nous remarquerons d’abord que l’auteur y parle toujours comme témoin oculaire. Il veut se faire passer pour l’apôtre Jean ; on

  1. Lettres d’Irénée à Florinus, dans Eusèbe, H. E., V, 20. Comp. ibid., III, 39.
  2. I Joann., i, 3, 5. Les deux écrits offrent une grande identité de style, les mêmes tours, les mêmes expressions favorites.
  3. Epist. ad Philipp., 7. Comp. I Joann., iv, 2 et suiv. Mais ce pourrait être là une simple rencontre, venant de ce que les deux écrits sont de la même école et du même temps. L’authenticité de l’épître de Polycarpe est contestée.
  4. Eusèbe, Hist. eccl., III, 39. Il serait bien étrange que Papias, qui ne connaissait pas l’Évangile, connût l’épître. Eusèbe dit seulement que Papias se sert de témoignages tirés de cette épître. Cela n’implique pas une citation expresse. Tout se bornait peut-être à quelques mots qu’Eusèbe, mauvais juge en une question de critique, aura crus empruntés à l’épître.
  5. Adv. hær., III, xvi, 5, 8. Cf. Eusèbe, Hist. eccl., V, 8.