Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/85

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secrétaire put profiter de cet état pour faire parler selon son style celui que tout le monde appelait par excellence « le Vieux », ὁ πρεσϐύτερος. Certaines parties du quatrième Évangile ont été ajoutées après coup ; tel est le xxie chapitre tout entier[1], où l’auteur semble s’être proposé de rendre hommage à l’apôtre Pierre après sa mort et de répondre aux objections qu’on allait tirer ou qu’on tirait déjà de la mort de Jean lui-même (v. 21-23). Plusieurs autres endroits portent la trace de ratures et de corrections[2]. N’étant pas tenu de tous pour l’œuvre de Jean, le livre put bien demeurer cinquante ans obscur. Peu à peu on s’habitua à lui et on finit par l’accepter. Même avant qu’il fût devenu canonique, plusieurs

    attribuer l’Apocalypse à l’apôtre (voir ci-dessous, p. 297, note 3). L’argument qu’Eusèbe tire en faveur de cette hypothèse d’un passage de Papias n’est pas décisif. Les mots ἢ τί Ἰωάννης dans ce passage ont pu être interpolés. Dans ce cas, les mots πρεσϐύτερος Ἰωάννης, sous la plume de Papias, désigneraient l’apôtre Jean lui-même (Papias applique expressément le mot πρεσϐύτερος aux apôtres ; cf. I Petri, v, 1), et Irénée aurait raison contre Eusèbe en appelant Papias un disciple de Jean. Ce qui confirme cette supposition, c’est que Papias donne Presbyteros Joannes pour un disciple immédiat de Jésus.

  1. Les versets xx, 30-31, forment évidemment l’ancienne conclusion.
  2. iv, 2 (comp. iii, 22) ; vii, 22. xii, 33 paraît de la même main que xxi, 19.