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BUCOLIQUES


doux qui sait s’occuper tout seul avec un rien et que d’autres petits garçons viennent voir.

— Laissez-moi m’amuser, dit-il.

Et il n’y a plus aucune raison de bataille. C’est à peine si on donne une chiquenaude à la casquette de Grelutot et s’il pleut une poignée d’herbe sur ses guenilles. Comme, par derrière, quelqu’un lui envoie, d’une jambe molle, un coup de pied qui n’arrive pas.

— Laissez-le tranquille, dit le petit maître d’école. Puisqu’il ne commence pas le premier, ne commençons pas les premiers.

Dès que Grelutot a fini de jouer, il se redresse et, baissant les yeux, frottant ses pieds, il s’éloigne sans se presser, et il s’arrête encore çà et là, de peur qu’on ne croie qu’il se sauve. Déjà personne ne fait plus attention à lui quand, repris d’une rage tardive, il s’écrie :

— D’abord, fichez-moi la paix !

Et il ramasse une pierre qu’il jette au