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BUCOLIQUES


souffler. À chaque instant, notre ami Octave pose sa serviette et s’éloigne pour regarder les nuages qui se dressent à l’horizon comme des bêtes féroces. Ils grandissent et se multiplient. Les plus proches en appellent de nouveaux qui montrent déjà la tête, et ceux-là font des signes lents à d’autres qu’on ne voit pas. Octave revient, le visage ténébreux.

Tout à coup, Paul-Émile, qui ne disait mot, va uriner.

Et Alexandre ne cesse de guetter à la girouette immobile la direction du vent.

— Est-il pour nous, celui-là ?

— Cet orage ? Oh ! il ne passera pas loin.

On étouffe.

— Fait-il beaucoup d’orages ici ?

— Relativement moins qu’ailleurs, répond Paul-Émile de retour. Il y a, paraît-il, une montagne là-bas qui les divise.

On respire.

Mais Paul-Émile ajoute :

— Par exemple, s’ils sont rares, ils sont terribles.