Page:Renard - Bucoliques, 1905.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
BUCOLIQUES


peut faire pour le moment. Il la mettra sur le toit, plus tard, quand il aura de quoi payer une couverture de paille. La poutre reste par terre, à la pluie, au soleil, dans l’herbe, et les gamins s’amusent à courir dessus, quand ils sortent de classe.


IV


Qu’avez-vous donc à la main ?

Je me suis coupé un morceau du poignet, dit Philippe.

Il souffre moins qu’il ne s’étonne. Il a pu, jusqu’ici, couper avec sa serpe, sans une égratignure, des arbres durs, gros comme la cuisse. Or il veut ce matin couper une mince petite baguette. Il faut croire qu’il vise mal et qu’il y met trop de force. Il manque la baguette et sa serpe lui entaille le poignet jusqu’à l’os. La blessure se cicatrisera, mais elle bâille bien grand. La baguette, restée au bois, l’a échappé belle.