Page:Renard - Bucoliques, 1905.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
258
BUCOLIQUES

— Parce que ça te ferait mal au cœur.

— Mais, maman, répondait la petite fille, regarde toutes ces petites filles sur les chevaux de bois. Elles n’ont pas mal au cœur.

— Si.

— Elles ont toutes mal au cœur ?

— Oui, toutes.

— Pourquoi leurs mamans les laissent-elles monter sur les chevaux de bois ?

— Parce qu’elles n’ont pas été sages. C’est pour les punir.

— Oh ! alors, je ne veux pas que tu m’y laisses monter, disait la petite fille.

Et sais-tu, papa, ce qui est arrivé ensuite ? Ma maman, à moi, qui avait entendu, a donné deux sous à la petite fille, et aussitôt sa maman, à elle, l’a laissée monter sur les chevaux de bois. Preuve que tout à l'heure cette pauvre femme mentait.