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BUCOLIQUES


religion, ce soir. Une pensée grave la préoccupe. Elle se dit que sa vue lui jouera une mauvaise farce. Elle se repent d’avoir ri tout à l’heure de sa méprise. Elle se croyait moins près du nouveau cimetière.

Personne ne se décide à l’étrenner, et il attend toujours sa première tombe.

Les yeux de ma cousine s’efforcent de le fixer, et, comme des petites fenêtres à rideaux clairs, ils ne reflètent que de pâles images. Son bonnet de paysanne lui serre étroitement la tête et pas une mèche de cheveux ne s’échappe. D’ailleurs elle a, toute sa vie, caché pudiquement ses cheveux, et comme elle dort la nuit avec son bonnet, son mari même ne connaît pas leur nuance.

— Qu’est-ce que tu faisais là sous le chêne ? dit elle enfin, délivrée d’une réflexion pénible.

— J’écoutais chanter les perdrix.

— Belle occupation, dit-elle, pour un jeune homme qui a tous ses membres !

— C’est un plaisir, cousine. Je viens