Page:Renard - La Lanterne sourde, Coquecigrues,1906.djvu/242

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choisis un parti, celui que tu voudras, pour nous fixer.

X

Chloé. — J’entre volontiers dans une église, me rafraîchir. Mais, je l’avoue, je ne prierais, à mon aise, sans choisir mes mots, que devant la belle nature.

Daphnis. — Et sur une hauteur, afin d’élever plus vite ton cœur dirigeable vers Dieu, polyglotte.

Chloé. — Tu vois, tu te moques quand je fais la bête, et tu te moques quand je comprends tout. Suis-je pas la femme d’un libre penseur ?

Daphnis. — Nous irons tous deux à la messe demain.

XI

Chloé. — Veux-tu me faire un plaisir pour ma fête ? Rends-moi le droit que je t’ai donné d’assister à mes toilettes.

Daphnis. — Tu te négligerais.

Chloé. — C’est si gênant ! pouah !

Daphnis. — Qu’est-ce que tu as de sale ?

Chloé. — Il y a des choses qu’un mari ne doit pas voir.

Daphnis. — Ce sont celles-là que je veux voir. Dès qu’on aime moins, on se tient mal. L’amour vit de beaucoup d’eau fraîche. Je te sens mienne si, à quelque heure que je te surprenne, tu me montres des ongles plus lumineux que des croissants de lune, des cheveux rangés, en place, une bouche