Page:Renard - La Lanterne sourde, Coquecigrues,1906.djvu/305

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NATURALISME


D’abord Éloi documente avec rage. Ses amis le fournissent sans le savoir. Ne changez pas de chemise devant lui, vous retrouveriez votre torse et le relief exagéré de vos omoplates, huit jours après, au milieu d’un conte. Surtout ne le laissez jamais seul dans votre chambre en désordre. Il ramasse les bouts de cigares, les queues d’allumettes ; il recueille les cheveux oubliés sur l’oreiller, les poils de barbe.

Ah ! une fausse dent ! quelle perle !

Il examine les peignes, les brosses, la culotte pendue, la savate morte. Il étudie l’urine et compte les jets de salive. Il fait un tas des pièces de prix transportables et les noue dans son mouchoir en disant :

— Tout mon bonhomme est là. Je le tiens.

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