Page:Renard - La Maitresse.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pre mouvement. Je ne l’ai qu’entrevu, mais, ou je me trompe fort, ou il fera un suffisant mari.

Notez que votre situation manque de solidité. M. Guéreau vivant ne vous abandonnera pas, je le crois. Qu’il meure et vous êtes seule, et la misère qui vous épouvante entre chez vous, brusquement, sans frapper. Plus j’y réfléchis et plus je me persuade que vous êtes née pour le mariage. Vos solides qualités vous y destinaient.

Et perdons un moment de vue la vie pratique. Considérons celle du cœur. Sans mari, vous verrez lentement se dessécher le vôtre.

Dix années encore, vingt peut-être, vous porterez en vous une source d’émotions que personne ne tentera d’utiliser pour embellir son domaine de bonheur.

Car, si un autre que moi vous aime, il aura les mêmes scrupules que moi, et s’il ne les a pas, il sera indigne de vous.