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le docteur lerne, sous-dieu

La porte n’était que poussée contre la cloison, et le pêne, sorti de toute sa longueur, témoignait qu’un étourdi avait cru la fermer à double tour. Ô Wilhelm ! précieux hurluberlu !

Dès l’entrée, mes hypothèses bactériologiques se trouvèrent détruites. Une bouffée de senteurs florales m’accueillit, — une bouffée humide et tiède, avec une pointe de nicotine.

Je m’arrêtai sur le seuil, émerveillé.

Aucune serre — même royale — ne m’a donné cette impression de luxe effréné que d’abord je ressentis. Dans cette rotonde, au milieu du rond de ces plantes somptueuses, la première sensation était l’éblouissement. Toute la gamme des verts jouait sa chromatique aux touches des feuilles parmi les tons multicolores des fleurs et des fruits, et, sur des gradins montant vers la coupole, ces splendeurs s’étageaient magnifiquement.

Les yeux toutefois s’y accoutumaient, et mon admiration s’atténua quelque peu. Certes, pour que ce jardin d’hiver l’ait ainsi forcée du premier coup, il fallait qu’il fût composé de plantes bien remarquables par elles-mêmes, car, en réalité, nulle recherche d’harmonie n’avait commandé à leur agencement. Elles étaient groupées selon l’ordre de la discipline et non suivant un esprit d’élégance, comparables à quelque eldorado confié aux soins d’un gendarme… : leurs as-