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le péril bleu

— « Sûr ? »

— « Pas le moindre doute ! »

— « Sacré nom d’un chien !… Alors… Mais… Alors, il ne me reste plus qu’à faire des excuses… je vais retourner… »

— « Cela me paraît inutile. Vous êtes plutôt discrédité dans la famille… »

M. Garan fronça ses cornes sourcilières. Et c’était une chose si drôle à voir, que Tiburce partit d’un grand éclat de rire :

— « Pauvre cher inspecteur ! Si vous n’aviez que cela dans votre sac, il vous faudra désormais croire aux hommes volants ! »

— « Ouiche ! Des bonshommes en baudruche ! » grommela le policier déconfit. « Des petits ballons-mannequins gonflés d’hydrogène ! C’est la thèse de la Préfecture. »

— « Pas si bête ! » approuva Tiburce. « Voilà qui expliquerait pourquoi ils suivaient de conserve la même direction : celle du vent ! On aurait dû perquisitionner dans le petit bois de Châtel ; je suis sûr que les véritables Italiens y sont restés cachés pendant qu’on battait la campagne à leur recherche. — Ça, au moins, c’est naturel. »

À ce moment, l’automobile, chargée des bagages de Tiburce, les rejoignit.

— « Allons ! En route ! » dit Garan.

— « En route ! À la poursuite de Hatkins ! »

Dépité, furieux de sa maladresse, l’inspecteur répliqua grossièrement que Tiburce était libre de poursuivre qui bon lui semblait, et que lui, Garan, s’en foutait pas mal. (historique)

Comme ils arrivaient à la gare, quantité de voyageurs en sortaient. Un train de nuit les avait amenés. Ils venaient de Paris. La plupart étaient munis d’appareils photographiques. Garan reconnut des journalistes. L’un d’eux s’approcha de lui :

— « Ah ! monsieur Garan, n’est-ce pas ? Quelle bonne aubaine ! Permettez-moi, une seconde… »

Et il voulut lui prendre une interview. — Mais le policier se défendit et devint hargneux.