Page:Renard - Le Péril Bleu, 1911.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
211
il pleut… il grêle…

« Celle d’un homme, parbleu ! mais comment reconnaître… Oh ! mon Dieu ! mon Dieu ! » geignait-il, affolé. « On dirait… Non, je me trompe, n’est-ce pas ?… Non ! regarde les dents : ce n’est personne. Je veux dire : ce n’est pas un des nôtres… »

L’astronome sondait l’espace d’un regard effrayant.

— « Alors, » prononça-t-il lentement, « il y aurait donc là-haut de criminels expérimentateurs, réfugiés au delà des atteintes communes, dans un canton inexpugnable où se poursuit quelque découverte d’ignominie ?… »

— « Pas sûr. En définitive, voici de simples préparations, très habilement exécutées, mais sans qu’on se soit conformé aux règles classiques des amphithéâtres… »

— « Dis : ce n’est peut-être pas les premiers déchets qui tombent par ici… Nous pourrions battre les environs… »

Les débris enterrés, on se mit à quêter, chacun pour soi.

Et chacun fit une trouvaille.

M. Le Tellier trouva des branches de frêne curieusement fendues, bizarrement décortiquées, botaniquement découpées en rondelles et en lamelles.

M. Monbardeau, lui, trouva les ossements d’un veau, — ou d’une génisse. Ces ossements étaient dispersés, mais d’une certaine manière : ici la colonne vertébrale, là une épaule, ailleurs le bassin. Il les compta : la jambe postérieure gauche manquait au squelette. Le docteur appela M. Le Tellier, et lui dit que cet animal avait été jeté du ciel en détail, comme le défunt qu’ils venaient d’inhumer. « Les insectes et les bêtes carnassières s’étaient chargés de nettoyer les os, ce qui était cause qu’on ne repérait pas, sous les abatis, les meurtrissures dont ils avaient contusionné la mousse en tombant de si haut. La mousse, au demeurant, est un coussin amortisseur qui se redresse promptement. »

Mais l’astronome prétendit que ces restes pouvaient dater de longtemps, que le pays était couvert de semblables carcasses, et qu’il ne fallait pas voir partout des Sarvants sous prétexte que…

La voix du mécanicien le surprit. Ayant achevé sa