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fin du journal

11 juill.

Les Sarvants, toute la nuit, ont monté de la terre. Un carré de plus au rez-de-chaussée.

12 juill. N’ai plus de calme depuis cette demi-paralysie. Saleté, isolement, angoisse, impuissance. Égoïsme, sauf pour Marie-Thérèse. Ennui, ennui. Énervement. Et pourtant, moi, j’ai apporté des objets utiles : trousse-toilette, jumelle et ce cahier béni ! Mais les autres : rien ! Ils m’envient quand ils me voient me brosser, écrire, observer la Terre… Ho ! la bonne vieille Terre !

13. Passé l’inspection des parois de ma cellule (dans l’angoisse insupportable d’être épié par quelque gardien sans aspect). Impossible d’en gratter quoi que ce soit au couteau ; nulle poudre ; comme du verre. Facilement contrôlé les clapets : dans le bas du mur, 2 orifices de tuyaux, et l’autre au-dessus, en triangle, celui-ci pour la sortie de l’air vicié, les autres pour l’arrivée de l’air pur ; on sent le sens des courants. Je ne comprends pas ce système. Les clapets sont assez loin dans les tuyaux ; à peine si je les effleure du bout du doigt.

14. Aujourd’hui, véritable éruption d’aérostats. Un sphérique monte très haut ; je me divertis à le suivre dans la bande libre qui est au nadir et qui me permet de voir le Bugey.

§ La nuit a interrompu mon observation. J’écris aux étoiles, parce que je veux noter des lueurs incompréhensibles en dessous de nous… Ah ! feux d’artifice ! 14 juillet ! fête nationale ! — Nous sommes là, chez les Sarvants, et nos concitoyens font de la pyrotechnie !