de neige. Une surface sibérienne, miroitant sous un soleil laborieux, nivelait tout. Et ce qu’il y avait d’assez poignant, c’était l’abandon qui semblait résulter pour nous du phénomène. J’avais l’impression qu’un déluge universel et floconneux nous avait seuls épargnés sur cette colline ; et le charme se serait prolongé, sans quelques voix de bûcherons et des sifflets d’oiseaux qui résonnèrent fantastiquement sous la couche impénétrable.
Fleury m’enseigna que, d’habitude, les vallons formaient de-ci de-là deux demi-lunes délicieusement bocagères. Toutefois, des marais fort boueux en détrempaient la cuve, derniers vestiges de l’ère paludéenne qui avait suivi la période lacustre, laquelle s’était substituée à l’époque marine.
Et désignant, à notre niveau, la concavité du feston qui venait d’apparaître :
— « C’est là-bas », dit-il, « que sont mes champignonnières. »
Il prit une voie dont le tracé accompagnait en contre-bas le tournant de la crête. Une sapinière continuait à notre gauche, sur un talus qui s’érigeait verticalement. À droite,