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LE BROUILLARD DU 26 OCTOBRE

encore, c’est qu’avec ce froid de canard, l’eau qui nous humecte ne se congèle pas !… »

Alors je suçai ma moustache dégouttante, et je constatai que l’eau du brouillard, si froide, était salée.

— « Ah ! Fleury, quelle horreur ! On dirait des larmes de cadavre ! »

— « Ouais !… Tiens, vous avez raison. C’est comme de l’eau de mer. »

Et il ajouta :

— « Voilà pourquoi ce brouillard ne saurait « prendre ».

— « Enfin, dites, avez-vous jamais entendu parler d’une aventure semblable ? Nous ne sommes pourtant pas les premiers venus, vous et moi… Ne vous écartez pas, surtout ! »

— « Non. Je ne bouge pas… Nous ferons un rapport… Définition : une obscurité absolue mais blanchâtre, d’un blanc terne… Ah ! tenez, il me semble que cela s’éclaire… »

— « Oui, cela commence à s’éclairer… »

Notre entourage devenait lumineux. La bourre impalpable qui nous calfeutrait s’allégea d’un soupçon d’aurore. Une faible lueur