— « Les angiospermes ! Nous sommes au beau milieu de la période néozoïque ! »
Aussitôt qu’il l’eut dit, le murmure de rivière s’enfla tellement que nous fîmes volte-face. De ce côté-là, on ne voyait que le brouillard, et le sable rouge y disparaissait en pente douce. Le grondement s’apaisa derrière le rideau brumal. Un flot écumeux venait d’en jaillir et, dentelle pétillante, mourait avec grâce. Un deuxième flot lui succéda dans un mugissement de cataracte. Le sable se mouilla, la mousse crépita, des embruns voltigeaient…
— « La mer ! » balbutiai-je. « La mer qui existait il y a des millions d’années ! »
Deux rocs noirs ébauchaient leur carrure au bord du ressac.
— « Ce n’est donc plus seulement un mirage dans l’espace ! » décréta Fleury-Moor transporté d’enthousiasme. « C’est aussi un mirage dans le temps ! »
— « Ce n’est », répliquai-je, « qu’un mirage dans le temps. L’espace où nous croyons être est bien l’espace où nous sommes. Nous avons l’illusion d’avoir bougé dans la durée ; nous