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LA GLOIRE DU COMACCHIO

soir l’argentier Girolamo Gigliolo m’aura versé deux mille florins ! Ah ! ah ! La richesse et la gloire, maître sot ! »

— « Je parie vingt doublons du contraire », dit le Juif tranquillement.

Un furibond se jeta sur lui, et les larges pouces du modeleur s’enfoncèrent dans ses épaules chétives.

— « Où veux-tu en venir à la fin ? » rugissait-il. « Depuis une heure je te vois tourner autour du pot ! Parleras-tu ? Parle, ou je t’étrangle ! »

— « Eh ! tout doux, magnifique Messer ! Tout doux ! Il y a quelqu’un dans ma peau ! » bouffonna le vieillard, patelin comme un esclave battu.

— « Mais parle donc ! »

Cesare avait lâché prise et tremblait de colère. L’autre, s’étant rajusté, mit quelque intervalle entre eux, et commença :

— « Vous savez, Messer, ce jeune patricien de Ferrare, cousin de Son Altesse, qui s’avisa de travailler les métaux, fit son apprentissage à Bologne, chez l’orfèvre Ascanio Peruzzi, et