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LA GLOIRE DU COMACCHIO

nieusement multicolore, simple dans ses lignes, fouillé dans son détail, et faisant l’effet d’un gigantesque meuble de marqueterie. Car nulle part la pierre ne s’y montrait à l’état naturel, mais tournée en colonnes, appareillée en cintres, ciselée en rinceaux, gravée de graffiti, creusée de niches rondes pour les bustes à l’antique. Cela composait une telle profusion de magnificences, que l’extérieur du palais semblait mériter d’être l’intérieur. Une balustrade courait sur le ciel, le long de la terrasse. Au-dessous, l’étage unique découpait une svelte arcature close par des draperies. Les jours de carrousel on enlevait les draperies, et ces lieux s’emplissaient de fiers attentifs et de belles accoudées qui se pressaient là pour mieux voir les jeux, sans songer que le vrai spectacle était celui de pareils spectateurs dans une loge aussi royale.

Cesare haussa les épaules.

— « Ah ! que voilà donc le logis d’un orfèvre et non d’un statuaire ! »

Au fond du porche, dans le noir, une clef ferraillait. Des gonds grincèrent. Encore