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LA GLOIRE DU COMACCHIO

briques enfumée, pleine de cendres et de scories, de cabestans et de cordages. Cesare Bordone voulut y pénétrer, le Juif l’entraîna, et les choses se mirent à défiler comme une fantasmagorie devant ses prunelles hagardes.

D’abord l’arrière-façade du palais, unie celle-là, mais entièrement revêtue de dalles polychromes disposées en trompe-l’œil avec un art si merveilleux de la perspective, que d’illusoires galeries feignaient de s’y enfoncer et simulaient une quantité de fuites et d’issues pour le plaisir des yeux. Ensuite une loggia d’entrée, supportée par des atlantes de terre cuite émaillée. Puis l’escalier d’honneur, tapissé d’incrustations. Puis des salles hautes et pompeuses. On y entrait par des portes à fronton, encadrées de pilastres, surmontées de sculptures, où la joaillerie architecturale du dehors venait s’orfévrir à l’extrême. Les cheminées étaient si décoratives sous le baldaquin de leur manteau, qu’on prenait chaque pièce pour une salle du trône. Et c’était partout des chutes de tentures lourdes sur des coffres cordouans ou des tables de malachite char-