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LA GLOIRE DU COMACCHIO

demande à voir la statue… En tout cas, Magnifique, soyez sans crainte : nos mesures sont prises comme d’habitude. » Il tapotait un cor d’ivoire suspendu à sa ceinture. « N’empêche que je n’aime pas les attroupements », termina l’écuyer.

À travers les hautes lices flamandes et par le ciel ouvert du cortile, on entendait un grondement sourd relevé d’apostrophes distinctes qui étaient comme des éclairs de chaleur dans un couchant :

— « Baccio ! Baccio ! La statue ! L’Andromède ! Montre-nous ton œuvre, Baccio ! Elle est à nous, à la ville ! »

Baccio tout pâle, incertain, questionnait le duc par ses yeux élargis.

— « Voici la renommée, beau cousin ! » publia Son Altesse. « Va ! Montre-toi ! Parle ! Dis-leur qu’ils verront la statue demain, et qu’ils se dispersent !… Ah ! pas tout de suite, mordieu ! Laisse-les s’égosiller un peu. Par Apollon ! la fière sérénade ! Écoute-la, Baccio, de toutes tes oreilles. Il n’y a point de choral ici-bas qui vaille un tel charivari ! »