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CIEL DE LIT

À Rachilde




I


L’épouse dort, le corps alourdi par les baisers que l’époux a laissés tomber, sans compter, un peu partout, et plus spécialement aux fossettes, aux petites cavités, aux rigoles, aux endroits où la chair se creuse, des baisers tantôt écrasés comme les larges gouttes d’une averse, tantôt petits, ronds, à peine sonores, ininterrompus, envolés des lèvres comme des bulles de savon d’un fétu de paille. Mais déjà la chère femme pèse bien lourdement sur le bras du cher mari. D’abord, par petites secousses prudentes et répé-