Page:Renard Oeuvres completes 1 Bernouard.djvu/234

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— Ah ! vous partez ?

— Oui, dit-elle, nullement émue, prête à railler Jac pour sa figure qu’elle trouvait drôle.

— C’est pour longtemps ?

— Certainement, puisque le château est vendu. Maman dit que nous ne reviendrons jamais. Ta mère va venir te reprendre tout à fait.

Il n’avait plus rien à entendre. C’était fini. Il ne pouvait pas se dire que cela s’arrangerait, qu’il y avait peut-être un moyen.

Cette petite grande personne lui avait appris son départ certain, tranquillement, comme une nouvelle simple. C’était bien pour jamais. Il retournait ce mot avec entêtement pour y trouver une échappée, une issue, pour en sortir. Il s’en alla, tout pâle. Tout ce qu’un enfant peut avoir de révolte se soulevait en lui. Il sortit du château, descendit le village, inconscient. Sa mère habitait tout au bas. Il s’arrêta devant la porte et la trouva fermée. Sa mère n’y était pas.



III


C’était une de ces vieilles maisons comme on en voit encore, bâties à coups de hache, avec de grandes portes lourdes de clous, des fenêtres à barreaux, solitaires prisons à peine dégrossies en maisons bourgeoises.

Sur la route, dans un large rayon de soleil, Jac pleurait, secoué de sanglots, s’arrêtant parfois comme s’il oubliait son chagrin, ses poings humides frottés contre ses yeux.

Deux femmes jeunes et gaies, en toilettes claires,