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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/241

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ENTRE DEUX CARESSES

figuré à quel point il ignorait la Capitale. En vérité, familier avec le neuvième arrondissement et avec le seizième il pensait connaître tout. Or il parcourut avec curiosité des centaines de rues plus neuves à ses yeux que ne lui avaient semblé les avenues de Mexico. Les maisons, le pavage, les magasins, les passants, lui apportaient une amusante distraction et il souffrait moins de son énorme solitude. Il était huit heures du soir, ce jour-là, quand il reconnut à Montparnasse une voie large et fulgurante de cafés, de bars et de cinémas. Il la suivit sans savoir pourquoi, et il en avait parcouru la moitié lorsque le souvenir lui revint.

Il était venu, après la querelle avec Jeanne, se divertir par ici. Et dans cette brasserie il s’était épris d’une petite femme nommée Aglaé qui avait refusé son argent.

La scène lui revint avec précision. Quelle misère ! Ce jour-là il n’avait même pas pu, étant en mesure de le réaliser, faire le bonheur d’une enfant si innocente qu’elle avait pris pour un bandit un banquier archi-millionnaire. Maintenant… ?

Il vint s’asseoir à la terrasse de la brasserie et mélancoliquement resta à regarder les passants.

Soudain une main le frappa sur l’épaule… Un frisson le parcourut et il tourna la tête, avec peine.

C’était une charmante jeune femme qui le regardait en riant : Aglaé…

Elle demanda avec sympathie :