— Au cœur ?
— Oui…
Georges Mexme se rendit compte qu’il venait d’en dire trop pour le peu qu’il avait confié jusqu’ici à sa femme. Il n’était peut-être pas temps encore de dire tout.
Mais, à y songer, et l’alcool aidant il se lança malgré sa prudence habituelle.
— Je suis au cœur, parfaitement ! Je possède presque un tiers des terrains pétrolifères de plus que Séphardi.
Jeanne fronça les sourcils. Elle craignit qu’une question trop nette muselât son mari et demanda doucement :
— Que seras-tu dans la société ?
— Président du Conseil d’administration.
Jeanne se tut. Georges lui avait promis cent fois de ne point chercher de poste prépondérant dans la célèbre affaire.
— On te propose cela, ou si tu prends la place ?
Il ne vit pas le piège.
— Je prends.
Un tremblement passa dans la voix de Jeanne.
— Quels sont tes apports ?
Georges faillit se taire. Et puis l’orgueil l’entraîna :
— J’ai acheté vingt-deux millions de terrains…
Elle sauta sur son fauteuil. Il avait une fortune de six millions et la banque en valait dix…
Mais lui continuait fièrement :