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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/72

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ENTRE DEUX CARESSES

trois minutes. Elle tient l’homme à distance et la conquête n’avance pas…

Alors, dans une colère bestiale, il empoigne toutes les étoffes qui le séparent encore de cette chair nue qu’il immobiliserait par la mort plutôt que de l’abandonner. Il se tend en un effort de prisonnier faisant éclater ses menottes. Un crissement atteste la défaite des soies et des linons. Une sorte de large baie lacérée s’ouvre dans les vêtures de Jeanne. La jeune femme pousse un cri de douleur et se replie comme un serpent. Alors, attirées invinciblement par la nudité entrevue, les deux mains du mâle descendent vers cette plaie de soie, où, tout près, il sait trouver la femme même…

Mais Jeanne a vu le double geste commencer. Avant qu’il soit achevé elle a glissé hors l’étreinte de son mari.

Elle bondit derrière le guéridon aux liqueurs et s’arrête en maintenant d’une main son cœur affolé. Elle est couleur de craie et ses yeux flamboient. Si son mari veut encore s’approcher, elle lui casse sur la face cette bouteille de liqueur.

Lui, désemparé, congestionné et stupide, reste béant, chu soudain dans une sorte de coma. L’intelligence revient lentement en son cerveau bouleversé.

Alors, Jeanne saute vers la porte, l’ouvre et va sortir. Elle dit toutefois :

— Mon cher ami, si vous traitez vos affaires de finance aussi intelligemment que votre femme, toutes vous joueront quelque vilain tour…