Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/20

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main du père de l’enfant, et, prenant sa valiha, joua tout doucement d’abord, sur un rythme sourd et lointain, puis plus fort, puis très vite, en faisant crier jusqu’à la note la plus aiguë les fibres de l’instrument. Ranaivou tremblait de tous ses membres, égaré, comme hors de lui. Il prononçait des mots inintelligibles, agitait machinalement la corne, à droite et à gauche, vers le haut et vers le bas. Au bout de quelques minutes, l’oudy sembla s’arracher des mains qui le tenaient et tomba sur le morceau de bois renfermant la réponse oui : l’enfant était ensorcelé. Pour savoir si le jeteur-de-sorts était un homme ou une femme, le mpanô-oudy tira de son sac deux petites statuettes en bois noir, très frustes : elles représentaient, avec le sexe souligné de rouge, une femme et un homme. Le sorcier les plaça debout l’une à côté de l’autre ; de nouveau il joua de la valiha, après avoir remis dans la main de Ranaivou la corne aux oudy ; cette fois elle tomba sur la statuette virile : l’enfant était ensorcelé par un homme. Pour le découvrir, le possesseur d’oudy tendit au père la corne cerclée d’argent : elle devait, par la force mystérieuse des amulettes, conduire Ranaivou vers cet homme et le lui désigner.

La valiha fit entendre encore une fois des sons grêles et précipités, tout de suite Ranaivou fut possédé par la force de la corne : son corps était agité de