Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/23

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— Va-t’en d’ici, loin du pays de Ceux-qui-vivent-sous-le-jour, plus loin que les grandes montagnes qui s’abaissent vers les Terres-Chaudes… Va-t’en ! Tu es haï de nos Zanahary !... Va-t’en ! Tous les Razana qui habitent dans les Maisons-Froides des Morts, à l’ouest du village, ne te connaissent plus !... Va-t’en ! Tes propres ancêtres ne veulent pas qu’au jour de ta sépulture tu entres dans leur tombeau. Mais tu seras enterré seul, dans un trou peu profond, recouvert de pierres qui écraseront ton cadavre, chez Ceux-de-la-forêt. Et les étrangers mêmes regarderont avec horreur l’Homme-qui-fit-mourir-ses-enfants !

La femme sanglotait, écroulée à la porte de la case ; les petits qui restaient pleuraient sans comprendre, la tête cachée dans les plis du lamba maternel. Les gens du village, immobiles et graves, attendaient. Ils s’étaient reculés, instinctivement, pour fuir le voisinage du maudit. L’Homme-qui-fit-mourir-ses-enfants restait seul dans un espace vide. Il sentit que tout était fini ; trébuchant comme une bête demi-morte, sans jeter un regard en arrière, il s’en alla, par le sentier de l’Est, vers la Grande-Forêt et les lointains Pays-d’en-bas.