Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tation empirique. Or, quel était l’un des principaux buts de sa critique ? Démontrer que, de l’idée seule, la réalité ne saurait se conclure. Apparemment, l’idée de la chose en soi, idée abstraite, ne doit pas jouir d’un privilège que n’a pas l’idée de Dieu, l’Être parfait, amplement réfutée dans ses prétentions à la preuve rationnelle ? Comment se fait-il que Kant, écrivant un livre qu’il dit destiné à substituer la croyance à la science en métaphysique, rejette toutes les démonstrations possibles, excepté celles qu’il donne de son chef, d’après cette même raison pure, suspecte pour tout le reste ? Il oppose aux analyses négatives de Hume les synthèses de l’entendement, il restitue les relations a priori dans le jugement des connexions de phénomènes, et, cela fait, au lieu d’invoquer la croyance aux relations généralisées, pour l’explication et pour la garantie de l’ordre du monde, pour poser le fondement d’identité et de stabilité que lui refuse l’analyse, il revient à la fiction réaliste de la substance. C’est pour en confirmer lui-même la parfaite inanité. Il la reprend en lui prêtant pour unique attribut l’incognoscibilité, jointe à une certaine incompréhensible causalité, par rapport aux phénomènes !

XXXIV

Le dilemme de la substance. — L’idéalisme se trouvait acquis, en principe, par les deux méthodes, dans les deux écoles dont on peut, à cet égard, arrêter la marche à Malebranche et à Leibniz, à Berkeley et à Hume. La question était de découvrir, dans l’ordre logique des phénomènes, le lien dont le réalisme de la substance