Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/14

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contradiction reconnu comme règle du discours et critère du raisonnement, avec son emploi dans le jugement des qualités compatibles ou incompatibles entre elles en leur attribution à un même sujet, pour la constitution d’un sujet réel. Ce sont, en effet, deux points de vue très différents pour les philosophes.

Rien n’empêche, après avoir pensé séparément à deux propositions que l’esprit est incapable de concevoir comme pouvant se penser ensemble, de déclarer qu’elles sont cependant vraies l’une et l’autre de leur sujet pris en lui-même. Mais pour la pensée discursive, le discours et la controverse, la réunion de deux assertions, dans un cas semblable, est impossible, la soumission au principe de contradiction est forcée. Il régit la liaison et l’exposition des idées, pour autant que chacun s’entend soi-même et se fait comprendre des autres ; on n’affirme pas, on ne nie pas à la fois le même du même, sous le même rapport ; on ne pose pas, on ne retire pas à la fois ce qu’on dit. La loi est inéluctable pour la détermination de la parole. On ne peut jamais se contredire que successivement, et involontairement, si c’est de bonne foi.

III

Les contradictoires dans le sujet. — La règle de non-contradiction, transportée de la pensée à son objet, appliquée à un sujet logique de qualités, signifie : Un même sujet ne peut pas admettre en même temps et sous un même rapport une qualité définie, et une autre qualité qui soit pour notre pensée, la négation de la première, sa contradictoire. La restriction : en même temps, a pour objet de réserver la possibilité du changement dans le