Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/21

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cepts, — ne disons pas d’une espèce étrangère à nos idées, qui sont toutes relatives et régies par des relations, car alors il y aurait impossibilité matérielle, — mais universels par leur signification, et attributifs, que nous dirions néanmoins exister en soi, d’une existence autre qu’individuelle, sans relations déterminées qui soient essentielles à sa constitution, et posséder les puissances actives et spécifiques dont les effets et les propriétés, sont exclusivement observables dans les êtres particuliers et individuels ? La méthode d’explication des phénomènes qui se fonde sur l’hypothèse de ces sortes d’entités, à quelque genre de concepts qu’elles appartiennent, ou à quelque degré de généralité qu’elles s’élèvent pour embrasser des classes de relations, nous la nommons le réalisme.

Le réalisme est le nom qu’a porté l’une des plus importantes applications de cette méthode, sous le règne de la scolastique : la doctrine de la réalité des universaux. Mais, la doctrine des formes substantielles et toutes les théories physiques des essences et des vertus procèdent de la même méthode. Étrange ironie des nomenclatures qui nous oblige, pour désigner des doctrines dont les plus profondes et les plus illustres ont forcé leurs auteurs, par la logique des idées, de regarder le monde phénoménal comme un système d’apparences illusoires, à nous servir de ce même nom de réalisme qui s’emploie aujourd’hui le plus souvent pour qualifier toute philosophie où l’on affirme l’existence réelle du monde externe ! Nous qui n’entendons nulle part mettre cette existence en question (voy. ci-dessous LXV), — car notre idéalisme est fait précisément pour la constater en la définissant, — nous n’avons pas besoin d’un terme pour en désigner la com-