Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/30

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l’Inconditionné de Hegel, mieux formulé comme identité de l’idée de l’Être et de l’idée du non-Être, nous fait remonter à la terminologie éléatique, et, par un tour merveilleux, rappelant et corrigeant Gorgias, substituant à l’opposition des deux termes leur identité, nous fait voir comment l’ancien sophiste aurait pu démontrer, non pas qu’il n’y a rien, mais qu’il y a tout, parce que tout procède de l’indistinction logique de l’Être absolu, ou indéterminé, et du non-Être.

Hegel profita de ce premier emploi de la contradiction affirmée à la source des choses, pour se procurer dans leur développement, qu’il ordonna comme une suite des distinctions de l’Idée continuellement contredite et affirmée, un écoulement universel des phénomènes, semblable au monde d’Héraclite. Mais ce dernier était l’application d’une autre espèce de réalisme (XX).

X

Le rapport du conditionné à l’inconditionné. — Le réalisme avant platon. — La moindre des préoccupations des philosophes allemands, que nous venons de mentionner en dehors de tout ordre chronologique, a été de définir un rapport entre la vie du monde, la destinée, et son principe. Ce principe est d’une abstraction intellectuelle et d’une vacuité morale extrêmes. La forme du système déduit est un certain émanatisme, ou évolutionnisme, mais dont l’origine est dans l’abstrait, la fin universelle absente, en sorte que rien n’y représente et n’y fait comprendre la présence et l’action d’un principe de l’univers dans la nature et dans l’homme. Il en est tout autrement des doctrines de l’antiquité qui font des-