Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/34

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est obscur dans son action et n’exprime que l’idée générale du changement d’ordre des parties d’un tout matériel par la communication du mouvement. Les critiques de ce philosophe observèrent qu’il avait fait espérer un démiurge travaillant pour des fins, mais qu’il ne fournissait que l’idée de l’œuvre, avec les pièces du mécanisme (c’étaient ses célèbres homéoméries, éléments spécifiques de la matière), et certaines façons de les mouvoir.

XI

Le réalisme dans la doctrine de Platon. — Platon apporta à la philosophie ce démiurge, caractérisé comme personne et comme Dieu, après que la critique de Socrate et ses analyses eurent fait ressortir la nécessité de l’étude de l’esprit. Mais l’hypothèse démiurgique n’atteignait pas jusqu’à ce principe premier que ceux d’entre les antésocratiques qui l’avaient cherché hors de la matière définissaient par une idée réalisée. Platon, pour l’atteindre, procéda comme eux, avec cette différence qu’il généralisa et spécifia tout à la fois le rapport à établir entre cette idée abstraite et les phénomènes qui doivent lui emprunter leurs conditions. Au lieu du nombre de Pythagore, simple rapport arithmétique, il prit pour principe de détermination l’Idée, rapport universel : l’Idée, c’est-à-dire les idées dans leur multitude, dont il fit les sujets réels auxquels les phénomènes empruntent ce qu’ils ont de réalité. Et comme les Idées ne sont encore que des inconditionnés relatifs, qu’elles réclament une origine commune et un centre, Platon conçut l’inconditionné définitif, le Bien, source commune du connu et du connaître, de la vérité et de la