Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cience. Elle devait produire les consciences par voie d’émanation, dans le Démiurge, dans l’Âme du monde, et dans les âmes individuelles, dépendantes de cette âme. Seule, cette troisième hypostase descendait des dieux abstraits aux dieux du culte, dieux personnels, — si toutefois on ne les prenait pas eux-mêmes pour des symboles, — transmis par la tradition mythologique, et enfin aux esprits et aux démons de cette même tradition.

Ce sont là les principaux traits d’une théologie hellénique qui se formula comme néoplatonisme, ou philosophie alexandrine, et qui conserva sous le règne du christianisme une existence occulte à côté des dogmes orthodoxes, ou pour en inspirer des interprétations et des hérésies. Elle reparut librement à l’époque de la Renaissance italienne et encore plus tard, et obtint la faveur de l’Église anglicane. Repoussée peu à peu dans l’ombre par le progrès de méthodes plus rationnelles, elle n’a pas cessé de donner des rejetons, où son esprit revit sans toujours bien se reconnaître lui-même.

XIV

Le réalisme des hypostases. Côté du christianisme. — La méthode réaliste pénétra dans le judaïsme par la signification donnée aux idées générales de Sagesse et de Parole, comme productions premières et agents intelligibles, émanés du dieu caché dont l’essence est hors d’atteinte pour l’entendement. Le Logos, Fils de Dieu, de Philon le Juif, fut une fiction de philosophie religieuse, parallèle à celle qui se préparait vers le même