Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/62

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paralogisme de la démonstration (XVIII), que celui qui s’appuie sur le rapport logique concluant du relatif à l’absolu quant à l’existence.

Il y a quelques équivoques à lever avant d’arrêter le point précis d’un dilemme. La thèse du Conditionné n’admet nullement que la série des conditions ne se termine pas, qu’elle porte sur le vide ; c’est plutôt la thèse opposée qui encourrait ce reproche, soit parce qu’on la voit arriver, dans ses profondeurs, à ne pouvoir distinguer l’Inconditionné, son principe, d’avec le néant des qualités et le non-être, soit quand le procès à l’infini des phénomènes lui interdit logiquement la considération du monde comme terminé. La thèse du Conditionné, au contraire, applique le principe de relativité à la définition du monde, en le regardant comme constitué dans ses relations internes par les mêmes lois générales qui régissent l’exercice de l’esprit. C’est un cercle de propriétés qui se ferme et dont les rapports internes apparaîtraient en une unité synthétique pour une intelligence capable de les embrasser.

La thèse du Conditionné, loin d’éloigner la notion d’une cause du monde, la réclame comme l’une des deux grandes relations constitutives de la pensée de l’existence, réunies en un sujet unique : c’est la cause efficiente ; l’autre notion est celle de cause finale, parce que l’existence se conçoit toujours et se présente partout en éléments synthétisés et coordonnés pour des fins.

La cause peut, sans que sa définition viole le principe de relativité, être représentée de deux manières ou comme immanente au monde, ou comme un sujet extérieur et supérieur, un Créateur. Dans ce dernier cas, la raison d’être du Créateur lui-même à l’égard