Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/63

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de la relation de causalité qui, dans l’ordre des choses de l’expérience, implique pour toute existence donnée une existence antécédente, cette raison d’être soulève une question logique qui sera posée, sous les différents aspects qu’elle comporte, dans les dilemmes suivants. Nous pouvons l’ajourner et formuler notre premier dilemme en nous bornant à la comparaison des deux thèses les plus abstraites sur le conditionnement ou l’inconditionnement du principe du monde.

En effet, si l’on nous objecte que la raison des conditions ne peut être qu’inconditionnée, nous répondrons que cette proposition est une pétition de principe ; car la raison des phénomènes se conçoit comme possible sous la forme d’une relation universelle interne, constitutive de toutes leurs lois et procédant d’une cause unique. Si, après cela, l’origine de ce principe suprême du conditionnement se trouve être elle-même un problème insoluble, c’est un fait qui ne nous empêche point de reconnaître la donnée première, ainsi comprise, comme la plus haute possible où puisse atteindre notre esprit objectif. Le fait admis pose seulement une autre question : le problème doit-il ou ne doit-il pas être insoluble ? Il serait nécessairement et légitimement insoluble, si c’était la logique, en d’autres termes, la constitution de l’intelligence qui rendît impossible la connaissance de la condition des conditions, au delà de celle qui est logiquement définie de manière à les embrasser toutes ?

On a pu croire que le renoncement à rendre raison de la raison première était un parti pris équivalent à la négation de la notion de cause comme applicable à l’origine des choses ; mais l’argument qu’on a longtemps opposé, en ces termes, aux adversaires de la création