Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

empêchées d’avoir leurs effets. Comment ensuite il se fait que le grand nombre des actions communes, d’origine inconnue, détermine des mouvements perpendiculaires au plan de l’horizon, et des poids proportionnels aux masses (lesquelles ne sont même appréciables que par ce poids), c’est une question à laquelle la physique mécanique cherche encore une réponse. Démocrite a pu imaginer qu’à l’origine de notre monde, la résultante des forces motrices, masses en mouvement, s’était trouvée dirigée dans le sens de la perpendiculaire à la surface de cette grande agglomération (un cylindre aplati supporté par l’atmosphère). En supposant la pesanteur une force universelle, invariable, il aurait eu à rendre compte de la direction unique de cette force dans l’espace infini des mondes où toutes les directions sont également ouvertes au mouvement des atomes. Cette vue arbitraire, injustifiable, fut substituée par Épicure à la théorie de Démocrite, suivant des textes anciens très valables, mal contredits par d’autres dont l’interprétation est sujette à discussion.

XXVI

la doctrine de Démocrite a l’égard des phénomènes mentals. — La doctrine mécanique de la substance tire de son caractère absolu beaucoup d’intérêt pour la classification des problèmes de la métaphysique et de leurs solutions. En effet, toute idée de l’origine du monde et de sa cause disparaît, du point de vue de Démocrite qui, le premier, admit l’éternité et l’extension sans bornes, non plus d’un vague chaos comme c’était l’usage, mais du mouvement et de ses effets,