Page:Renouvier - Uchronie, deuxième édition, 1901.djvu/18

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les conséquences du déterminisme historique, avouer la légitimité supérieure, à titre de nécessité, des actes mêmes qu’ils entendaient bien condamner, l’utilité des égorgements et des bûchers, la vérité des erreurs et des mensonges. On a justifié tout cela depuis eux, nous le savons, mais le cœur leur en aurait levé.

Quoi qu’il en soit, l’œuvre historique du dernier siècle était de réformer l’histoire des faits réels, et non d’imaginer celle des faits possibles ; de critiquer nos origines et non de les feindre changées ; de substituer à la fable reçue d’une église ou d’une monarchie sacrée, la teneur exacte et l’esprit positif des événements dont les hommes furent les auteurs ou les victimes ; enfin, de ruiner l’autorité des traditions de fanatisme et de superstition ; à cet effet, de professer avant tout un profond respect pour la réalité, un inviolable attachement pour la méthode qui la constate avec rigueur, quelle qu’elle soit.

Cette œuvre s’est continuée jusqu’à notre temps, mais avec des tendances plus fatalistes, quelquefois obscures, souvent avouées, et, par suite, en réagissant contre les jugements portés par nos prédécesseurs. La réaction a été religieuse et philosophique : nous avons profité de quelques erreurs de logique et de métaphysique, bien excusables chez nos pères, pour restaurer à l’encontre de leur mé-