Page:Replique des député des manufactures & du commerce de France à MM. les députés de S. Domingue.djvu/21

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Et quoiqu’on puiſſe dire, nous avons prouvé que la Colonie de Saint-Domingue étoit beaucoup mieux fournie & à beaucoup meilleur marché que la France.

Ce n’eft pas que fouvent les Miniſtes n’aient été ſollicirés de permettre la ſortie des denrées Coloniales, par navires étrangers; & les prétextes qu’on étale avec tant d’appareil & de ſentiment devant l’Aſſemblée Nationale ont été ſouvent préſentés avec la même force aux Miniſtres; mais malgré l’importunité des ſollicitations & la puiſſance des ſolliciteurs, ils n’ont jamais oſé frapper ce dernier coup au Commerce National. Ils ont ſenti qu’ils arrêteroient le débouché de nos Manufactures; qu’ils priveroient la Métropole du bénéfice du tranſport des denrées, qui lui appartient; qu’ils porteroient une main coupable ſur la propriété publique, en ôtant au peuple le travail qui eſt ſon ſeul patrimoine. Ils réſiſtent depuis trente ans à l’obſeſſion la plus opiniâtre, que l’efprit d’indépendance & l’oubli de tous les devoirs puiſſent entretenir.

Si l'Aſſemblée Nationale, franchiſſant, du premier pas, ce grand intervalle qu’a toujours reſpecté l’ancien Gouvernement, prononçoit la ſortie des denrées Coloniales, par les navires étrangers, n'importe en quelle quantité & pour quel temps,