Page:Rességuier - Éloge de Mr Poitevin Peitavi, 1821.djvu/16

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tendre ? Son nom rappelle toutes les qualités généreuses. Personne n’a porté plus loin le courage et la fidélité dans les attachemens du cœur.

Il aimait et cultivait naturellement la poésie ; mais dans sa jeunesse, dans ces jours d’enthousiasme et d’imagination, lorsqu’il aurait pu s’y livrer avec succès, il sacrifia cet amour à des occupations plus sérieuses. Il ne faisait des vers que dans le monde et pour le monde. Renfermant dans le cercle d’une soirée toutes ses prétentions à la gloire, il ne voulait remplir qu’un salon du bruit de sa renommée. La société, qui n’attend pas, jouissait de son esprit toujours présent. Il semblait avoir emprunté à l’Italie le secret de ses improvisations. Au coin du feu, à la clarté des bougies, pour instruire des femmes aimables, il avait osé soumettre au rhythme poétique les noms rebelles de la géographie ; les leçons se chantaient, et la rime fixait le souvenir. Pas un point du globe n’a échappé à l’hémistiche ; les peuples, les fleuves, les montagnes, les mœurs des sauvages, les coutumes de l’Orient, tout a été peint, tout a été décrit avec le même bonheur. Quelquefois subitement inspiré, il faisait entendre de plus nobles accents ; mais, revenant bientôt à sa chère gaîté, son