Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/109

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Ingénue Saxancour ; il confessait, dans Monsieur Nicolas, avoir commis « des mauvaises actions de tout genre, le meurtre excepté[1] », il se couvrait de honte dans La femme infidèle. — Tout cela par amour de la vérité. Il le dit, du moins.

Rien ne pouvait l’arrêter dans ses travaux : ni les souffrances les plus cruelles[2], ni les mécontents, ni les importuns. Jamais il ne perdait une minute[3]. Quiconque voulait lui faire visite dans la journée était éconduit. On lui rapporta un propos de son hôtesse à l’un de ses visiteurs : « Revenez le soir ; dans le jour, Mgr le duc d’Orléans ne lui parlerait pas[4]. » Le travail était une passion pour lui ; les lignes suivantes peignent bien le plaisir intellectuel et les fruits du labeur :

« Lorsque je n’ai pas rempli suffisamment ma journée, je me trouve mécontent de moi et je ne m’en console que par le redoublement de courage que j’éprouve pour le lendemain. Quand je travaille, je me regarde comme un être utile, important, une sorte d’homme public, chargé de fonctions augustes. Je sens alors que je vaux quelque chose. Tant que je n’ai pas été capable de travail, j’étais honteux, timide, sauvage. Je fuyais, je redoutais les

  1. V. page 4103 de la 1re édition.
  2. V. Mes Inscriptions, §§ 485, 665, 669, pp. 106, 177, 178.
  3. V. le § 1099, p. 305 : il compose un chapitre de la Physique, pendant la correction d’une épreuve.
  4. Les Nuits de Paris, p. 1878. V. aussi une lettre de Mallet de Genève, du 31 janvier 1786, dans la 2e édition des Contemporaines.