Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/113

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persista longtemps : « J’ai bien de la peine à en venir, à cinquante ans, après mes ouvrages, à la hardiesse d’un sot qui n’a rien fait[1]. »

Loin d’en rougir, il rappelle un proverbe consolant pour les timorés :

Nul n’est hardi que le sot
Qui ne sait ce qui lui défaut[2].

Mais il proteste contre toute accusation de lâcheté : « Je suis très-timide, mais pas craintif, c’est-à-dire que je craindrais de passer devant une belle compagnie et que je brave volontiers une troupe de scélérats. Dans le premier cas, c’est orgueil : je crains la comparaison. Dans le second, c’est courage : je ne suis pas poltron[3]. » Le § 76 de Mes Inscriptions[4] donne une assez petite idée de ce cou- rage, qu’il n’a guère déployé, d’ailleurs, pendant la Révolution.

La passion de Restif pour les chaussures mignonnes est bien connue. Il prétendait deviner le visage d’une femme à sa tournure et à son pied[5]. Fou des jolis pieds bien chaussés, il n’admettait point que ses filles n’eussent hérité cette beauté de leurs mères.

C’était un goût qui remontait à sa plus tendre enfance : affirme sérieusement qu’à

  1. Mémento, folio 108, verso.
  2. Monsieur Nicolas, t. V, p. 131.
  3. Nuits de Paris, p. 167 1.
  4. Page 31 : « J’étais trop ému pour être lâche. »
  5. Nuits de Paris, p. 1757.