Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/132

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De là le gouvernement royal et magistral. De là le despotisme même[1]. »

Ouvrons, ici, une parenthèse, et, après avoir fait remarquer que, par gouvernement despotique, Restif entend, ici, le gouvernement d’un tyran, disons quelques mots de ses opinions politiques.

De l’ensemble de ses doctrines, il résulte qu’il était résolument monarchiste. Il ne faudrait point le juger en 1793, car, alors, il tremblait continuellement, redoutant une troisième arrestation, et la peur lui dictait l’éloge de Marat, « phénomène sans exemple… habile physicien, médecin intelligent, ardent patriote », éloge désavoué en 1797 dans Monsieur Nicolas. À cette époque, c’est un « ami timide » qui a fait faire des cartons à son insu, et c’est l’imprimeur à qui incombe la responsabilité d’avoir « tourné en louange l’article de Marat[2] ».

En réalité, il cherchait à faire montre de civisme ; pendant la Terreur, il plaçait sur le titre du tome XVI des Nuits de Paris l’épigraphe suivante : « Je ne m’apitoie pas sur un roi. Que les rois plaignent les rois. Je n’ai rien de commun avec ces gens-là ! » Ce qui ne l’avait point empêché d’écrire, auparavant, à la nouvelle du retour de Louis XVI à Paris : « O Roi, chef de la nation, en t’honorant, c’est elle-même qu’elle honore !… Béni sois-tu, bon Louis XVI ! La postérité parlera toujours de toi, et tu es plus immortel que dix rois

  1. Les Nuits de Paris, t. XVI, p. 492.
  2. Monsieur Nicolas, p. 4307, 1re  édition, à la note.