Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/133

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ensemble. » Paroles imprudentes et sur lesquelles il croyait bon de passer l’éponge.

En voici d’autres non moins dangereuses, pour le temps : elles étaient la fidèle expression de sa pensée :

« Mépriser le Roi ou la religion, c’est manquer au bon sens, le Roi fût-il méchant et la religion superstitieuse. Vous en sentez la raison : c’est que l’athéisme et l’anarchie sont les plus grands des maux. Le despotisme, sous un bon prince, est le meilleur des gouvernements. C’est celui des corps bien organisés qui n’ont qu’une tête, à laquelle tous les membres obéissent aveuglément… Je ne suis pas plus esclave qu’un autre, mes principes sont connus. J’énonce seulement une éternelle vérité… bien différente du faux adage de Voltaire :

Le premier qui fut roi fut un soldat heureux.

« Le premier roi fut un père de famille. Ce furent les rois postérieurs, les chefs usurpateurs, les conquérans et non le premier roi qui fut choisi pour sa sagesse, les services rendus ou qu’il pouvait rendre. C’est le gouvernement naturel que le monarchi- despotique. Et la preuve sans réplique, c’est que tous les gouvernemens, même le populaire, sont obligés d’y avoir recours lorsqu’ils ont besoin d’une double énergie, et pour les armées, qui eurent toujours un chef despote, même en Grèce, même à Rome[1]. »

  1. Les Nuits de Paris, p. 2326. V. aussi p. 2121. On trouve dans la 1re  édition de Monsieur Nicolas, au chapitre