Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/156

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32. 23 f. Sara filia. Sara était ma fille ; lorsqu’elle m’accordait ses faveurs, elle me disait : « Je remplis, à ton égard, les devoirs les plus sacrés d’épouse, de la piété filiale : je te donne les plaisirs de l’amour et les douceurs de la paternité… » Ce raisonnement me paraissait excellent : j’étais heureux !…
Mais la somme des biens et des maux doit également abreuver la vie ; j’avais trop de bonheur alors ; je consommais, dans les six premiers mois de ma passion pour Sara, celui de six autres mois où je ne devais éprouver que douleur et qu’angoisses. Qu’on imagine, d’après cela, combien les dates qui me rappellent tout cela doivent m’être intéressantes !
33. 24 f. Le bonheur épanouit l’âme : les dates sont fréquentes ; la douleur la resserre et les dates seront fréquentes. Elles sont rares dans l’état d’inertie. Je trouve ici que j’ai été heureux, avec Sara, trois jours de suite, contre notre convention, qui bornait le bonheur à une fois la semaine.
34. 25 f. Félicitas : data tota. Ce fut ce dimanche 2$ qu’elle m’assura qu’elle se donnait à moi toute entière : « Fais de moi ce que tu voudras, cher papa : âme, corps, pudeur, tout est à toi ; parle, et je me livre, ou plutôt je suis livrée, disposée, puisque je suis toute à toi ! (Data tota.)
35. 26 f. Nicolet ! J’avais tant de plaisir, chés Nicolet[1] avec Sara, que c’était une jouissance pour moi de l’y conduire.

  1. Voir Monsieur Nicolas : « Madame DebéeetFlorimond accompagnaient souvent Sara au théâtre de Nicolet. Mais Sara