Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/19

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Préface.

théâtres, de secourir quelques infortunes, et — car il faut tout dire — de satisfaire son irrésistible penchant pour les galantes aventures.

« Maudit, s’écrie-t-il, soit celui qui n’ose parler de lui-même parce qu’il n’a que des vices et des platitudes recouvertes d’orgueil ! Maudit soit celui qui redoute le sourire niais des sots !… Maudit soit celui qui n’ose avouer ses défauts et qui veut pédantesquement passer pour un être parfait ! J’en ai avoué plus d’un et j’en confesserai de bien plus graves, dans un autre ouvrage (Monsieur Nicolas). D’où vient ne parlerais-je pas de moi ? Connais-je quelqu’un aussi bien que je me connais ? Si je veux anatomiser le cœur humain, n’est-ce pas le mien que je dois prendre[1] ?… »

Nous ne croyons pas que les psychologues de notre temps aient fait une profession de foi plus carrée, et nous ne sommes pas les premiers à le constater : M. R. Vallery-Radot le reconnaît aussi, et il prédit le développement progressif du « moi philosophique » dans un article du Temps[2]. Il y voit une conséquence logique du mouvement qui porte la seconde partie de notre siècle vers les journaux intimes, autobiographies et confessions. Il remarque qu’avec les progrès de la science, « sur les champs de bataille comme dans les luttes politiques, où tout se décide maintenant à coup de chiffres formidables, la personnalité humaine est de plus en plus écrasée ». Que

  1. V. Nuits de Paris, p. 2511.
  2. 11 mars 1886.