Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/27

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et même élogieux. Il est, cependant, assez invraisemblable que tout soit de l’invention de Restif ; il faut remarquer aussi qu’après la séparation des deux époux, leurs filles vinrent se réfugier chez lui au lieu de suivre leur mère.

Si on lui reproche d’avoir manqué de fermeté, il répond que son état précaire l’obligeait à fermer les yeux : « J’étais trop pauvre et trop occupé, dit-il, pour la mettre à la raison[1]. » On pourrait ajouter qu’il donna lui-même l’exemple d’une infidélité presque continuelle.

La publication de La femme infidèle, qui reproduit les lettres d’Agnès à ses amants et dont la honte retombe sur lui aussi bien que sur elle[2], ne peut s’expliquer que par son acharnement à dire la vérité. Ah ! s’il avait eu entre les mains la lettre suivante que madame Lebègue mère[3] écrivait après le mariage à l’une des sœurs de son gendre : « Ma fille a toujours été fausse ; elle a toujours été orgueilleuse et vaine. Elle a toujours été coquette, tant pour la mise que pour agacer les hommes… Elle a un défaut plus essentiel encore, c’est la fureur d’écrire à tort et à travers tout ce qui lui vient à l’esprit.» Et elle ajoute, cette mère prudente : « Je puis le dire, à présent qu’elle est mariée, aux parents de son mari ! »

  1. Monsieur Nicolas, t. X, p. 51.
  2. La femme infidèle est un des ouvrages les plus rares de Restif. Mais on peut lire, dans Monsieur Nicolas, de nombreux détails sur le compte d’Agnès.
  3. A l’égard de la mère, V. Monsieur Nicolas, t. IX, p. 108.