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Préface.

Il devait apprendre, en effet, qu’à ses autres défauts, elle joignait celui de se croire du génie littéraire. La Femme infidèle reproduit des pièces de théâtre et des vers de sa façon, ce qui peut expliquer pourquoi elle parut, à Grimod de la Reynière, aimer son mari, dont la réputation flattait sa vanité. Le monde est plein de ces oppositions de sentiments. Sa manie d’écrire donne lieu à une plaisante sortie de Restif, dans Monsieur Nicolas : quelqu’un avait découvert, dans une de ses lettres, une pensée de Mme  Deshoulières ; la trouvaille fut un prétexte à compliments qui agacèrent Restif : « Et moi aussi, s’écrie-t-il, j’ai les mêmes pensées, les mêmes expressions que nos plus grands hommes ! J’écris tolérance et philosophie, comme Voltaire ; mère et nourrice, comme Rousseau ; Rome et Chimène, comme Corneille ; Hippolyte et Britannicus, comme Racine ; Lovelace et Clarisse, comme Richardson ; Manon Lescaut, tout comme Prévost. Je dîne et je vais à la garde-robe, comme Turenne, et cependant je n’en suis pas plus fier ! »

Pour en revenir à ses infortunes conjugales, Restif ne pouvait accuser que lui-même. Avant son mariage, les preuves de facilité qu’Agnès lui avait personnellement données lui eussent ouvert les yeux s’il ne s’était point laissé aveugler volontairement par les sens[1]. Il en convient : « Jamais Poinsinet ne fut mystifié comme je me mystifiai moi-même. »

La rupture avec son patron était inévitable :

  1. V. Monsieur Nicolas, t. IX, p. 82.