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Préface.

cement de cet ouvrage : « Dans ce désordre d’idées, j’avance, je m’oublie et je me trouve à la pointe orientale de l’île Saint-Louis. C’est un baume salutaire qu’un lieu chéri ! Il me sembla que je renaissais. Mes idées s’éclaircirent. Je m’assis sur la pierre[1] et, à la tremblante lumière de la lune, j’écrivis rapidement[2]… »


Outre les sorties subites, faites sous l’impression du moment, il avait des visites obligées, des commémorations qu’il qualifie saintes (sacra). Ainsi, jamais il n’eût manqué d’aller voir, le 14 septembre, ses « célèbres » dates de la rue Saintonge, au Marais, qui lui rappelaient Victoire Dorneval, fille d’un procureur, ni celle qui commémorait la mort de Pidansat de Mairobert, dont il avait gardé le cher souvenir[3].

Plus tard, quand ce Butel-Dumont dont il est question dans l’histoire de Sara, fut mort, il inscrivit son nom sur l’île, devenue l’île de la Fraternité, avec l’épitaphe suivante : « Mortuus est dives Dumont, o Sara ! A me fere solo luctus. Et nos inopes vivimus ! Lugeamus Du-

  1. C’est une habitude qu’il conserva jusqu’à la fin. Lorédan Larchey nous a dit avoir appris d’un témoin des dernières années de la vie de Restif qu’on le voyait souvent écrire, assis sur les bornes, vêtu d’un manteau qui allait se raccourcissant avec les ans, parce qu’il rafraîchissait au ciseau ses bords effiloqués : il conservait longtemps ses vêtements, témoin le fameux habit bleu fait en 1773 et avec lequel il se vantait encore à La Reynière de monter la garde en 1792. (V. Le Drame de la vie et, ci-dessous, p. {{sc|xciij}.
  2. Les Nuits de Paris, t. Ier, p. 3.
  3. V. la note 3 de la page 180.