Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ses colères étaient tôt éteintes, tôt allumées. On le voit, dans Mes Inscriptions, s’emporter un peu contre tout le monde, contre son tailleur qui lui réclame de l’argent[1], contre ses filles, qui le connaissent et laissent passer l’orage.

Il était si peu rancunier, qu’il parle avec une modération relative des plagiaires, ou du moins des auteurs qu’il considérait comme tels : Bertin d’Antilly, qui se serait approprié plusieurs scènes de Sa mère l’allaita ; Flins des Oliviers qui aurait pris son Réveil d’Epiménide à Paris dans les Nuits de Paris. Il dit seulement que si Flins avait connu une autre pièce de lui intitulée Le nouvel Epiménide ou la sage journée, il en aurait profité « pour nourrir sa pièce, qui est faible, incohérente[2]… » Il est plus amer en parlant de La Chabeaussière, qui aurait tiré ses Maris corrigés de La Femme dans les trois états de fille, d’épouse et de mère.

On voit que, de tout temps, à tort ou à raison, on cria volontiers au voleur ! dans le monde dramatique.

L’ingratitude n’était point, non plus, un défaut de Restif. Il resta toujours reconnaissant à Butel-Dumont d’avoir déclaré que, s’il était ministre, il ferait réimprimer et tirer à 50,000 exemplaires Les Parisiennes, pour les distribuer dans le royaume afin d’y rétablir les bonnes


    sieur Nicolas, t. IV, p. 207, une liste de ses ennemis. A ceux que nous avons cités il faut joindre Linguet, Ginguené, Geoffroy, Panckoucke. Quant à Joubert et à Fontanes, qui paraissent avoir mérité sérieusement sa haine, par leur conduite avec Agnès Lebègue, il ne leur pardonna jamais.

  1. V. le § 979, p. 283.
  2. V. La semaine nocturne, p. 174.